Rigueur : soyez exemplaires, nous vous suivrons

"Rigueur", "coup de bambou", ou simple "effort" de politique "responsable" ? À l'annonce du gel des dépenses de l'État pour les trois années à venir , la valse des mots vous agace. Puisque l'effort collectif est nécessaire, l'important est d'organiser la répartition de manière supportable.

Enfin un semblant de bon sens ? ( pourjel )

Il y a urgence, vous êtes unanimes, à assainir l'état des finances publiques. "Il est grand temps" ( G. ) : "Si on ne commence pas aujourd'hui à réduire nos dettes, ou au moins à avoir des budgets équilibrés, on va droit dans le mur. Alors, oui à l'austérité" ( Charly 34 ). Vous êtes nombreux à citer en exemple les politiques de rigueur, certes "impopulaires et difficiles, mais très efficaces", menées par la Suède, l'Allemagne ou le Canada ( gerardclermont ) et, loin d'être sujet à caution, le "gel" des dépenses semble même insuffisant à certains d'entre vous. "Nous n'allons pas tarder à rejoindre la Grèce si l'on s'en contente" ( dudule ), car "ce n'est pas en écrêtant les dépenses que l'État va s'en sortir, mais en menant une véritable politique de rigueur" ( bryval ). "On peut tourner, virer, s'arracher les cheveux, invoquer les dieux, la seule solution est de réduire nos dépenses. La croissance des Trente Glorieuses est morte" ( petit malin ) et 50 % du budget de l'État est composé d'emprunts. "D'ici 2013, la France sera endettée à 100 % si les emprunts ne cessent pas : les politiques doivent oser faire des vraies réformes et non pas endormir la population avec un vrai faux plan de rigueur" ( fred 75 ). La question, alors, est bien celle du courage politique.

Quand appelleront-ils enfin un chat un chat ? ( baba cool )

Ce courage qui a manqué aux gouvernements successifs "pour entamer, à temps, les réformes nécessaires" ( pado ) consisterait d'abord, aujourd'hui, à appeler les choses par leur nom. Vous vous dites exaspérés d'entendre les politiques reculer devant la rigueur par "peur des mots" ( raul ). "François Fillon se défend de vouloir la rigueur. Qui l'en accuse ? Ce ne sont pas les citoyens, car ils exigent des économies" ( paparomeo ). "Les Français sont lucides" ( arlette.mery ), "sensés et adultes" ( jacques ) et les politiques, dont vous dénoncez "l'incurie" passée ( japcom ) et les disputes "de cour d'école" ( vaccinés ), doivent leur "dire la vérité, cesser le blabla" ( retraite ) et les "volte-face qui les rendent inaudibles" ( atropos ). "Ce n'est pas tant le mot qui compte que sa mise en oeuvre" ( kardy ). Il s'agit d'être "conséquent" ( txominsago ), et responsable vis-à-vis des générations futures : "La dette publique enfle démesurément : est-ce la seule ambition que nous ayons pour assurer l'avenir de nos enfants ?" ( lionel ). L'enjeu dépasse donc largement les clivages politiques : "Il n'est dans l'intérêt de personne de laisser filer les déficits" ( legrand ).

Il n'y a plus de justice sociale ( lauda )

Si vous êtes prêts à concéder des efforts, c'est à une condition cependant, "que les sacrifices soient répartis dans toutes couches de la population, et au prorata de la fortune de chacun" ( rstcalm ). "Les Français sont prêts à se serrer la ceinture, mais que tout le monde le fasse" ( Miky ). Si vous divergez, en effet, sur les causes du déficit public, vous tombez d'accord sur la nécessité de voir un plan de rigueur s'enraciner dans une plus grande justice fiscale. "Quid des revenus du capital, des bonus ? Plein de revenus ne sont pas mis à contribution. La justice voudrait que ces ajustements interviennent avant la réduction des dépenses" ( fred ). "La question n'est plus : rigueur ou pas rigueur. La seule question qui vaille à présent est : pour qui la rigueur ? Là, le débat devient plus intéressant" ( pomme ). Vous mettez en avant une crainte de voir les économies "réalisées sur l'utile ou le nécessaire" ( Pardaillan ), pour obtenir "5 milliards d'économie, alors que sur la même période, le paquet fiscal de Sarkozy va nous coûter 30 milliards" ( Wrecker ). "Qui paie le plus d'impôts ? Les efforts sont-ils équitablement répartis ? Car là est le problème. En ne parlant que des dépenses de l'État, on évite une vraie mise à plat de notre système fiscal" ( thocle ).

Signes extérieurs de participation ! ( dubitatif )

Avant ces réformes de fond, vous attendez que "l'exemple vienne d'en haut" ( daniel 73 ), et que les politiques, qui "oublient un peu trop qu'ils sont au service de la France, donc du peuple français" ( betty ) soient les premiers à participer à l'effort commun, en réduisant leur "luxueux train de vie" ( danièle 63 ). "Messieurs les ministres et autres députés, retranchez de vos salaires 20 %, maintenant ! Montrez l'exemple, même si c'est symbolique" ( thouboui ). De tels "signes extérieurs de participation au serrement de ceinture auquel nous sommes conviés" ( dubitatif ) seraient nécessaires, pour rétablir la confiance et croire à un "effort partagé". Les élus et les hauts fonctionnaires vont-ils garder des privilèges dignes d'un autre âge, ou vont-ils, comme dans d'autres pays, utiliser le métro pour aller travailler et se servir de leurs revenus pour faire vivre leurs familles ?" ( marie 35 ). "Nous, les pressurés, nous ne pouvons plus leur assurer les dorures de leurs demeures fastueuses" ( wacky ).

Qu'ils soient à l'écoute des grondements du sol qui se trouve sous leur moquette ( mayaka )

À ignorer cet appel massif, unanime, les politiques pourraient bien déclencher un vent de révolte, et le sentiment d'injustice trouver son exutoire dans la rue. "Nos gouvernants prendront des mines ahuries, car ils ne pouvaient pas penser qu'un jour, la masse des écrasés puisse réagir aussi violemment... Il serait bon qu'ils soient à l'écoute des grondements du sol qui se trouve sous leur moquette" ( makaya ). "Se nourrir d'ortolans, pendant que le peuple crevait de faim, n'a finalement pas été très bon pour la santé de Louis XVI... Pas besoin de s'appeler Nostradamus, ni Jean, pour prédire que tout ceci finira mal" ( colibri ). La révolution, alors ? Pour quelques-uns, il faut que "ce système financier qui crée de la dette partout et en proportion monstrueuse soit mis par terre une bonne fois pour toutes", ( saturn 7 ), et "seule une révolution européenne peut venir à bout de notre future misère" ( UKIP ). Vous êtes plus nombreux, toutefois, à parler de désillusion , de ras-le-bol , et de rébellion . "Les peuples sont-ils encore souverains pour dire halte, ça suffit ? Non. Alors, ils se rebellent comme en Grèce, et ça semble logique" ( grégoire 34 ). "Je vous le dis, je vous le prédis, des cataclysmes sociaux attendent notre vieille Europe" ( timeset ).

http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2010-05-14/vous-l-avez-dit-rigueur-soyez-exemplaires-nous-vous-suivrons/920/0/454833