RÉGIONALES ILE-DE-FRANCE - Pécresse veut encore y croire

À Paris, les journalistes sont plus nombreux que les militants dans l'immense tente dressée au QG de campagne de Valérie Pécresse, tête de liste UMP en Ile-de-France. L'ambiance est studieuse. À 18 h 30, les proches de la candidate UMP s'échangeaient déjà par SMS les premières tendances : Valérie Pécresse recueillerait près de 30 % des voix (28% en fait), devant le socialiste Jean-Paul Huchon (25,5 %). Chacun comprend alors que l'écart n'est pas suffisamment important pour terrasser le président PS sortant.

L'instant est malgré tout à l'union sacrée. À 18 heures, la ministre de l'Enseignement supérieur s'est enfermée, en compagnie des têtes de liste franciliennes, dans une pièce de sa péniche, située sur le quai Javel. L'objectif est de peaufiner sa déclaration, prévue aux alentours de 21 heures, et de commenter la faible participation, surtout à Paris (31 % de votants). Grand absent de cette réunion : Roger Karoutchi, candidat malheureux aux primaires UMP en Ile-de-France, que l'on dit toujours amer...

Un tour de la région en bus

Pour Pécresse, il est urgent d'agir. Lundi matin, à 8 h 30, elle entamera un tour de la région en bus, afin de dénoncer "les points noirs du bilan d'Huchon". François Fillon embarquera lui aussi à bord du bus à Sèvres, dans les Hauts-de-Seine, le temps d'une étape. L'idée est d'occuper le terrain, tandis que le PS et les Verts négocieront leurs alliances, dénatureront leur programme.

Pécresse a la foi des grands sportifs. Comme eux, la candidate de l'UMP en Ile-de-France estime que rien n'est jamais écrit par avance. Mordicus, elle croit qu'il n'existe pas un pronostic qui ne puisse être inversé, à condition de se battre jusqu'au bout... Souvenez-vous, Lyon-Real de Madrid ! Pourtant, quand elle dit que la victoire est "possible", nul dans son camp ne la croit. Pure "posture", murmure un de ses proches, présent au QG de campagne. Conscient, confie-t-il, que la messe est dite depuis bien longtemps pour l'UMP en Ile-de-France.

Une mission compliquée

À l'entendre, on a rejoué la campagne présidentielle de Ségolène Royal à l'échelle régionale. Luttes fratricides, approximations programmatiques, propos machistes, lapsus, bourdes à répétition et polémiques stériles ont compliqué la mission de Valérie Pécresse. Car il s'agit bien d'une mission. Personnelle : une victoire permettrait à l'ambitieuse ministre de l'Enseignement supérieur de se poser comme une prétendante sérieuse à la présidentielle de 2017, aux côtés de Jean-François Copé et de Xavier Bertrand. Mission collective : ravir la région Ile-de-France aux socialistes, qui la dirigent depuis 1998, serait le hold-up électoral de ce début de siècle et Nicolas Sarkozy et avec lui toute l'UMP fanfaronneraient à satiété. Au regard de son poids démographique, financier, fiscal, médiatique et politique, l'Ile-de-France vaut bien plus qu'une simple région. En outre, à l'heure des débats sur le Grand Paris, un succès de la droite faciliterait grandement les plans du président de la République. Nous en sommes loin... Il en eût été sans doute autrement si la fausse affaire Soumaré n'avait pas éclaté ; si Roger Karoutchi, candidat malheureux aux primaires UMP dans la région, et Éric Raoult, maire du Raincy - pour ne citer qu'eux -, avaient cessé de pointer "l'amateurisme" de la campagne ; si les relations entre Valérie Pécresse et Chantal Jouanno, sa tête de liste à Paris, avaient été meilleures ; si les boulettes de la candidate - qui ont fait le bonheur du Petit Journal de Canal Plus - n'avaient jamais existé. Si, si, si...

Après son tour de région en bus, Pécresse réunira ses soutiens, mercredi prochain, pour un grand meeting à la Mutualité. Sans doute redira-t-elle croire en une victoire. Les footballeurs anglais parlent d'un fighting-spirit. Ils parlent aussi du fair-play, ce qui a manqué à l'UMP dans cette campagne en Ile-de-France.

http://www.lepoint.fr/elections-regionales-2010/2010-03-14/analyses-region-par-region-ile-de-france-pecresse-veut-encore-y-croire/2136/0/433512