Opération reconquête pour Nicolas Sarkozy

À trop préparer le second tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy a fini par perdre les régionales. Et quelle défaite ! S'il veut se représenter en 2012 - et gagner -, le Président doit d'urgence reconquérir l'électorat de droite. Le "retour aux fondamentaux", prôné par le chef de file des députés UMP Jean-François Copé, semble engagé.

Les médecins. C'est Nicolas Sarkozy lui-même qui a annoncé la revalorisation du prix de la consultation des généralistes, un des bastions traditionnels de l'électorat de droite. Elle passera de 22 à 23 euros "à la fin de l'année". La hausse, réclamée à cor et à cri par la profession, avait pourtant été jusque-là refusée par Roselyne Bachelot, malgré un accord conclu en ce sens en 2007. Le gouvernement défendait sa position en expliquant que les médecins refusaient d'accepter de nouvelles contraintes en matière d'installation dans les zones sous-médicalisées et d'organisation des gardes. Surtout, Roselyne Barchelot n'avait aucune envie de creuser le déficit de l'Assurance-maladie, attendu à 14 milliards en 2010, alors que la hausse d'un euro devrait coûter pas moins de 250 millions d'euros par an à la Sécu. Mais les temps changent et la ministre de la Santé n'a maintenant plus assez de mots pour se justifier d'avoir traîné les pieds. "Nous sommes dans des difficultés financières, une crise financière qui nous ont empêchés de faire cela. Ce n'était absolument pas un mépris ni un refus", a-t-elle déclaré, vendredi matin, avant l'annonce du chef de l'État. L'opération séduction est lancée.

Les sinistrés de Xynthia. La volte-face était inattendue. Le gouvernement a reculé sur les zones "noires" face à la colère des habitants concernés. Averti par plusieurs parlementaires UMP de la grogne incessante en Vendée et en Charente-Maritime, Jean-Louis Borloo, en accord avec Nicolas Sarkozy, a annoncé que les "zones noires" dessinées après la tempête pourraient être discutées par les personnes visées. Un revirement opéré sur les terres de la très ambitieuse Ségolène Royal. La présidente de la région Poitou-Charentes, et ancienne candidate à la présidentielle 2007, joue d'ailleurs dans la surenchère. Elle réclame rien de moins que "la suspension du plan de zonage".

Les agriculteurs. C'est envers eux, traditionnellement électeurs de droite, que le pouvoir veut se montrer le plus câlin. La profession a été confrontée à un effondrement de ses revenus en 2009, notamment les producteurs de lait. Le plan de 1,8 milliard d'euros de prêts bonifiés accordé en octobre, déjà revu à la hausse, "devra être complété", a ainsi déclaré Nicolas Forissier, chargé de son suivi. Objectif : gommer la déclaration assassine de Jean-Michel Lemétayer, président de la Fédération nationale des syndicats des exploitants agricoles (FNSEA), qui avait déclaré, peu avant le Salon de l'agriculture, que le Président avait "beaucoup de difficultés avec le monde paysan". Le projet de loi de modernisation agricole sera donc présenté "en urgence" en mai au Sénat. Au-delà, le Président sera jugé sur sa capacité à défendre la Politique agricole commune. Nicolas Sarkozy s'est déclaré "prêt à aller à une crise en Europe plutôt que d'accepter son démantèlement". Un discours qui demande encore à faire ses preuves.

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