Mort de Brice Taton : les inculpés risquent une très lourde peine

Le procès des quinze personnes inculpées pour la mort du supporteur français Brice Taton, roué de coups et décédé à Belgrade en septembre dernier après une agonie de douze jours, s'ouvre mercredi dans la capitale serbe, et les accusés risquent une peine de 30 à 40 ans de prison. La sauvage agression perpétrée le 17 septembre par des supporteurs serbes à l'encontre de ce jeune Toulousain de 28 ans, venu soutenir l'équipe de football de sa ville contre les Partizan de Belgrade, avait suscité une émotion considérable en France, mais aussi en Serbie.

Le visage tuméfié du jeune homme, saisi quelques instants après l'agression perpétrée, selon des témoins, à coups de battes de base-ball et de chaînes de vélo, a paru plusieurs semaines durant dans la presse serbe. Très gravement blessé à la tête et au thorax, Brice Taton n'a pu survivre, en dépit de deux opérations de la dernière chance. Le drame s'est produit dans une rue animée du centre de Belgrade, à quelques heures de la rencontre comptant pour l'Europa League.

La secrétaire d'État française aux sports, Rama Yade, de passage à Belgrade quelques jours après l'agression, avait évoqué des hommes jeunes, pour certains issus des "classes moyennes", comme étant à l'origine de ce qu'elle avait appelé un "massacre". Et cette violence extrême des supporteurs serbes, qui revient régulièrement sur le devant de l'actualité, est prise très au sérieux par les autorités.

Des forces de l'ordre très importantes, avec casques et boucliers, sont déployées devant les ambassades particulièrement sensibles, comme celles de Croatie ou des États-Unis, dans le centre de Belgrade, chaque fois qu'un match sensible opposant des équipes à la rivalité profonde se déroule dans l'un des stades proches de la capitale serbe.

"Menaces à la sécurité nationale"

Un supporteur de football a encore été blessé par balle, mercredi soir, à Belgrade lors d'une rencontre comptant pour le championnat de Serbie. S'exprimant peu de temps après la mort de Brice Taton, le 29 septembre, le président serbe, Boris Tadic, avait appelé à "identifier les groupes à l'origine des actes de violence" et leurs "inspirateurs" véhiculant des "idées qui tendent à faire de la violence une valeur au sein de notre société". De telles dérives, avait-il ajouté, mènent au "fascisme". Le président serbe avait même désigné en mars la violence émanant des supporteurs comme l'une des principales "menaces à la sécurité nationale". La police soupçonne les groupes de supporteurs d'être liés à différentes activités criminelles, telles que le trafic de drogue.

Mais ces fans, qui ne font pas mystère de leurs sympathies pour les idées ultra-nationalistes, ont également fait parler d'eux lors des débordements qui se produisirent à Belgrade, peu après la proclamation d'indépendance du Kosovo, le 17 février 2008, et au moment de l'arrestation de Radovan Karadzic, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, en juillet 2008.

Le procès des personnes inculpées du meurtre de Brice Taton sera ouvert au public. Il se tiendra devant la Haute Cour de Belgrade où l'on n'écarte pas toutefois la possibilité que certaines auditions se tiennent à huis clos, en raison de la présence de témoins protégés. Quatorze supporteurs du Partizan de Belgrade ont été inculpés en janvier de "meurtre aggravé" dans cette affaire, et une quinzième personne est accusée d'avoir "aidé" les auteurs de ce meurtre. Douze inculpés sont actuellement en détention et deux sont en cavale depuis le drame. Le quinzième inculpé, accusé d'avoir aidé les agresseurs, comparaîtra libre.


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