Martine Aubry lance son "pack de femmes" contre le "macho" Georges Frêche

Quelle plus belle occasion que la Journée de la femme pour aller défier un autoproclamé "macho" sur ses terres ? C'est en tout cas le jour qu'a choisi Martine Aubry pour rendre visite à Hélène Mandroux, maire de Montpellier, investie candidate du PS pour les régionales en Languedoc-Roussillon en catastrophe début février. Elle affrontera, dimanche prochain, au premier tour son ancien mentor, le controversé président sortant DVG Georges Frêche, donné gagnant par les sondages dans tous les cas de figure . Autant dire que le soutien de celle qui l'a propulsée tête de liste est le bienvenu.

D'autant que Martine Aubry veut encore y croire, ou faire comme si, et s'applique à interpréter positivement le moindre signe. Ainsi, en atterrissant à Montpellier lundi matin, la patronne du PS découvre la ville recouverte de neige. À Hélène Mandroux, venue l'accueillir à l'aéroport, elle glisse : "Mariage neigeux, mariage heureux." Accompagnée d'une délégation exclusivement féminine, composée notamment des députées Aurélie Filippetti et Élisabeth Guigou ainsi que des maires de Reims et de Rouen Adeline Hazan et Valérie Fourneyron, Aubry et son "amie", comme elle l'a qualifiera plus tard, s'engouffrent dans un minibus en direction de la somptueuse salle Pétrarque, au coeur du vieux Montpellier.

Sous le cloître, une cinquantaine de femmes, pour la plupart inscrites sur la liste du PS, entendent Hélène Mandroux s'enflammer : "Ma ville s'est habillée d'un magnifique manteau blanc pour t'accueillir, Martine. C'est la tradition de Montpellier : l'accueil et le respect des personnes." La maire est manifestement ravie de la venue de son homologue lilloise et de son "pack de femmes", comme elle l'appelle. Elle en profite d'ailleurs pour la remercier du "courage que son prédécesseur n'a pas eu". Petite pique à François Hollande, ex-premier secrétaire, qui n'a jamais cherché à détrôner Georges Frêche.

Martine Aubry ne cille pas, mais, quand vient son tour de prendre le micro, debout devant une immense affiche sur laquelle on peut lire "la politique a besoin des femmes" et "retrouvons nos valeurs", du nom de la liste de Mandroux, elle se montre déterminée : "Je suis rarement raciste anti-homme, mais là, je pense que cette bataille, seule une femme pouvait la gagner." De fait, si les intervenantes parlent inégalités de salaires, contraception et violences faites aux femmes, c'est bien l'ombre de Georges Frêche qui plane.

Le cadeau d'Aubry

Tel le Voldemort de Harry Potter , Georges Frêche est celui dont on ne dit pas le nom, mais les allusions s'enchaînent. Hélène Mandroux rappelle qu'un "responsable régional et pas des moindres" a un jour dit : "Quand j'étais jeune, j'avais le choix entre devenir homosexuel ou devenir macho. J'ai choisi de devenir macho." Une de ses camarades ajoute : "Les citoyens et les citoyennes sont beaucoup plus intelligents que ce qui a été dit je ne dirai pas par qui", référence à l'une des sorties de l'ancien maire de Montpellier, qui avait confié à ses étudiants en 2008 qu'il était "élu par des cons". Une provocation parmi de multiples dérapages verbaux, dont le dernier - concernant "la tronche pas catholique" de Laurent Fabius - lui a valu de devenir l'homme à abattre au PS.

Dans le fond, cela ne déplaît pas à Georges Frêche , qui a vu les projecteurs se braquer sur lui du jour au lendemain et est devenu, à 71 ans, la star de cette campagne. Il en profite et répète à qui veut l'entendre que Martine Aubry est "l'élue de la fraude", qu'elle est "souple comme un verre de lampe", pire, qu'elle n'agit que par intérêt. Sa théorie est en effet que Martine Aubry n'a cure du Languedoc-Roussillon, mais veut asseoir en vue de 2012 son image de femme qui ne cède pas, artisan d'une rénovation que tant appellent de leurs voeux au PS.

C'est avec un certain humour que Martine Aubry et ses dames répondent aux attaques. À 13 heures, délocalisées dans une autre salle de la ville, elles donnent une conférence de presse, l'occasion de présenter un magnifique panier garni qu'elles vont faire livrer à Georges Frêche dans l'après-midi . À l'intérieur, notamment, un livre sur les "oiseaux", Martine Aubry s'inquiétant que Georges Frêche se trouve à court d'insultes. "Avec ça, il trouvera plein de noms d'oiseaux pour me traiter !" Et Martine Aubry s'échappe, au bout de deux petites heures, en direction de l'aéroport de Montpellier pour rentrer dans sa ville de Lille via Paris.

http://www.lepoint.fr/actualites-politique/2010-03-08/languedoc-roussillon-le-pack-de-femmes-contre-le-macho-freche/917/0/431505