PROCÈS VIGUIER - L'amant de l'épouse disparue s'en prend à l'accusé

Olivier Durandet, l'amant de Suzanne Viguier, est apparu à son aise à la barre, lundi, lors du procès en appel de Jacques Viguier, accusé du meurtre de sa femme, livrant un témoignage parfois émouvant au cours duquel il s'est dit "persuadé que Jacques Viguier est le coupable". Mis quelques heures en garde à vue le 9 mars pour subornation de témoin, Olivier Durandet a reconnu lundi pour la première fois avoir demandé à une baby-sitter de lui ouvrir la maison du couple Viguier, une "erreur" selon lui.

La défense suggère qu'il en a profité, afin de compromettre l'accusé, pour y déposer le sac à main de Suzanne contenant notamment les clés de la maison. Les portes de la maison étant fermées, il est improbable qu'elle soit partie en laissant les clés à l'intérieur. "En aucun cas je n'ai amené ce sac dans la maison, se défend-il. Si j'ai le sac, j'ai les clés, pas besoin de demander de l'aide pour entrer. A ce moment-là je suis à mille lieues de vouloir faire accuser Jacques Viguier". Durandet est la personne la plus proche de la disparue et le dernier à l'avoir vue vivante. Il l'a raccompagnée au domicile conjugal le dimanche 27 février à 4h30 et le mari confirme l'avoir entendue rentrer. Comme Suzanne l'appelait chaque matin, c'est lui qui s'inquiète le premier et alerte le mari.

"Je l'ai vu s'emporter très facilement"

Olivier Durandet, vêtu d'une chemise vert foncé sur un pantalon noir, qui dissimule son embonpoint, des lunettes métalliques sur le nez, est persuadé que Jacques Viguier n'a pas tout dit aux enquêteurs. "Moi", souligne-t-il, "j'ai toujours tout dit et tout communiqué à la police". Il décrit Viguier comme "quelqu'un d'intelligent, qui a réussi. Je le trouve froid, sans affection, impulsif, je l'ai vu s'emporter très facilement", "souvent absent", "assez solitaire", "ce n'était pas mon ami", confie le partenaire de tarot de Susi. Le jeudi 24 février, il se souvient que son amante "s'est violemment disputée au téléphone avec la mère de Jacques. Il ne faut pas toucher à maman chez Jacques Viguier. Si votre question est si ça peut être un événement déclencheur (d'un meurtre, ndlr), la réponse est oui", dit-il à l'adresse du président de la cour d'assises, Jacques Richiardi. "Aujourd'hui c'est le dernier jour de ma vie que je peux faire quelque chose pour Susi", dit-il avec émotion. A choisir, il préfère "une tombe pour Susi" plutôt qu'une condamnation à "20 de prison pour Jacques Viguier". Pour l'accusé, il dit ne plus éprouver de "haine", ni une envie de "vengeance". "Moi, ajoute-t-il, ce que je veux c'est le corps de Susi".

Dans la matinée, le chef de la division criminelle du SRPJ de Toulouse à l'époque des faits, Frédéric Mallon, s'était déclaré surpris qu'au moment de déclarer la disparition de sa femme, le professeur de droit n'ait pas communiqué son numéro de portable. C'est un "crime sans corps, sans aveux, sans preuves (irréfutables) mais nous avons un faisceau d'indices qui nous donnent l'intime conviction que Jacques Viguier est coupable", poursuit le policier. Après lui, son collègue Philippe Butz, qui a fait les constatations dans la maison Viguier, regrette que Viguier ait tardé 3 jours avant de déclarer la disparition de son épouse et raconte avoir vu "pâlir le visage de M. Viguier" quand le policier a découvert que le matelas du clic-clac où dormait Suzanne avait disparu. En première instance, Jacques Viguier a été acquitté par la cours d'assises de Haute-Garonne. Le verdict est attendu samedi après-midi.

http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2010-03-15/proces-viguier-l-amant-s-en-prend-a-l-accuse/920/0/433894